Il est impossible de maintenir un catamaran face au vent. Quand bien même, il serait alors difficile de repartir, et on aurait du mal à fixer l'amure de départ (bâbord ou tribord). L'arrêt à la cape est la solution au problème. Cette manœuvre permet de maintenir le bateau dans une direction qui oscille entre le près et le travers, sur l'amure choisie. Comme dans tout arrêt, la grand-voile doit être entièrement choquée. Le maintien dans la bonne direction sera ensuite obtenu grâce au conflit entre la barre qui, poussée, tendrait à faire lofer, et le foc qui, bordé à contre, tendrait à faire abattre.
Nous rappellerons les éléments suivants (cf. cours sur le virement de bord) :
L'arrêt en cape forcée peut être lancé de n'importe quelle allure. On parle de cape forcée car l'équipier doit forcer le foc à contre, c'est-à-dire choquer l'écoute et border la contre-écoute.
La cape courante est obtenue au terme d'une manœuvre, virement de bord (ou empannage). Son nom vient du fait qu'à aucun moment l'équipier n'aura à positionner lui-même le foc à contre, la cape n'est donc pas forcée mais courante.
Rappelons la chronologie au décours d'un empannage : la GV est choquée, le foc est bordé à fond par anticipation. L'empannage est lancé en tirant la barre (E2). Puis, au passage des voiles, on ne touche à rien et on attend (E3), le bateau continue à lofer puis s'arrête. Rappelons ce que cela donne au décours d'un virement de bord : au près, le barreur pousse la barre et borde la GV (V2). Dès que le foc est à contre, il choque en grand la GV (V3). Puis, au bout de quelques secondes, il inverse la barre (V4). Le bateau est arrêté. |
Rappelons que le premier souci est d'abattre, puis d'accélérer dans la bonne direction.
Le bateau arrêté à la cape n'est pas immobile. Il décrit un mouvement oscillatoire (qu'on sent très bien par gros temps) qui lui imprime une dérive harmonieuse et prévisible. Le bateau alterne :
La direction et la vitesse de ces phases dépend du point auquel la GV a été choquée.
Dans le schéma ci-dessous, nous avons représenté en vert les trajectoires d'oscillation, en jaune la trajectoire globale. Les voiles ont été colorées ainsi : en rouge pour la voile qui est prédominante dans la courbe qui s'apprête à être décrite, en jaune pour l'autre.
Attention : s'il est vrai que deux catamarans arrêtés à la cape sur la même amure et côte-à-côte restent groupés, cela est faux pour deux catamarans qui sont arrêtés sur deux amures différentes ! En effet le bateau arrêté à la cape dérive dans la direction du vent et en avançant. Le schéma ci-dessous l'illustre. Ici, nous avons représenté ces bateaux au moment de leur position travers.
D'autre part, deux bateaux arrêtés à la cape sur la même amure pourraient néanmoins suivre des trajectoires légèrement différentes, par exemple si l'un d'eux a mal choqué sa grand'voile, ou positionné le poids de l'équipage trop en arrière. Enfin, il se peut que ces bateaux se trouvent en décalage de phase.
La trajectoire de la dérive à la cape peut aisément être modifiée. Lorsque la GV est bien choquée et le poids très en avant, la trajectoire correspond réellement au largue. En revanche, pour peu que la GV soit mal choquée ou le poids de l'équipage trop en arrière, la trajectoire se rapprochera du travers.
La cape permet à tout moment de repartir dans la direction voulue, ce que nous illustrons ici avec un cas pratique. Nous avons représenté ci-dessous un catamaran arrêté à la cape. Ayant sous-estimé sa dérive, il se retrouve en voie de collision avec un obstacle. Il peut s'en tirer de 3 manières différentes :
Il est indispensable de maîtriser la manœuvre d'homme à la mer en solitaire et dans des délais brefs. Je vous invite à y réfléchir et à vous y entraîner au plus vite (avec un objet dans un premier temps). La manœuvre d'homme à la mer fait l'objet d'un test spécifique dans la formation de moniteur.
Savoir de quel côté prendre l'homme à la mer fait l'objet d'un grand débat. Pour ma part, en solo, je recommande le côté au vent, même si la dérive est problématique par très gros temps. Voici les arguments en faveur de chaque attitude :
Arguments pour la prise de la victime du côté au vent, c'est-à-dire du côté opposé aux voiles :
Arguments pour la prise sous le vent, c'est-à-dire du côté des voiles :
Idéalement, il faudrait calculer sa trajectoire pour s'approcher au près de l'homme à la mer. L'expérience prouve que cela peut être difficile, surtout par gros temps et en solitaire. Il est difficile de bien calculer une trajectoire par rapport au plan d'eau, et de bien l'effectuer.
Point pratique Je vous propose "en prêt à l'emploi" une manœuvre qui, de mon expérience, est à la fois simple à concevoir sur le plan d'eau, simple à exécuter en solitaire et surtout à réguler.
Point pratique Par petit temps, le bateau s'arrête lentement et vous pouvez donc calculer 3 mètres d'élan lors de votre auloffée. Par gros temps, c'est plus difficile car, dès l'auloffée, le bateau recule. Il faut donc passer très près de l'homme, et l'attraper d'une main pendant l'auloffée. Dans tous les cas, une fois le foc à contre, il ne faut pas hésiter à border la GV pour avancer ou pour lofer, car le foc à contre diminue considérablement son action.
Je ne suis pas partisan de cette méthode. Elle peut à mon sens être recommandée par gros temps seulement, pour les raisons ci-dessus.
Je vous conseille là aussi de suivre un bord de travers au vent, pour les raisons énoncées plus haut. Ensuite, arrêtez-vous à la cape et laissez-vous dériver. Compte tenu de la dérive (cf. les oscillations à la cape, ante), le secteur clair peut convenir. En effet, la trajectoire à la cape peut être modifiée en bordant ou choquant la GV : bordez un peu pour adopter une trajectoire plus proche du travers, choquez pour plus suivre l'axe du vent.
Attention, au moment d'attraper l'homme, vous devrez lâcher la barre. Je vous recommande alors de rapidement vous déplacer vers l'avant en traînant la victime, afin d'éviter d'abattre.
La prise de mât est une manœuvre qui consiste, pour un bateau manœuvrant, à aider un bateau dessalé en difficultés (équipage trop léger ou épuisé, bout de resalage absent ou trop court). Pour ce faire, l'équipage saisit le mât et, après s'être assuré que l'orientation du bateau dessalé était la bonne, le lève, ce qui suffit à resaler le bateau si l'équipage "victime" exerce son poids.
La manœuvre d'approche est exactement celle décrite pour l'homme à la mer. Une difficulté supplémentaire survient : s'il est possible d'aborder le catamaran dans deux sens, un seul sera le bon. Il faut donc réfléchir au cas par cas. Cependant, en règle générale, il faut aborder le mât de telle manière que le bateau tourne ensuite face au vent et non dos au vent.
DANGER : dans cette manœuvre, en montant, le mât risque de se prendre dans les haubans ou l'étai du catamaran secoureur, ou encore de déchirer la voile.
Les deux exemples ci-dessous ne peuvent pas être généralisés : c'est le cas particulier d'un catamaran qui vient juste de dessaler. Néanmoins, ces illustrations devront être gardées à l'esprit pour choisir le bon sens d'abord.
Dans le cas typique ci-dessous, le catamaran vient juste de dessaler, il est encore au travers. Le bateau secourant aborde le mât au travers par l'arrière (AR1) et, au cours de son lof final, fait tourner le bateau victime (AR 2). Par la suite, le bateau victime présente une prise au vent importante et continue à reculer (AR 3), tandis que le bateau secourant, qui est à la cape, oscille. L'ensemble continue à tourner. Une fois le bateau victime bien face au vent, il est temps de lever le mât.
Dans l'autre exemple ci-dessous, le catamaran vient juste de dessaler, il est encore au travers. Le bateau secourant, mal avisé, aborde le mât au travers par l'avant (AV1) et, au cours de son lof final de mise à la cape, fait tourner le bateau victime (AV 2). Ce faisant, le bateau victime se retrouve dos au vent ! Il sera ainsi très difficile de resaler et, quand bien même, le bateau filera avant que ses équipiers n'aient pu monter à bord.
Attention : lorsque vous tenez le mât, ne passez jamais les doigts entre la drisse et le mât : vous risqueriez de graves blessures en cas de déplacement du bateau du au vent ou aux vagues.